Venant reprendre le fil interrompu 2
Je dois vous dire que j'hésite, ai hésité une fraction de secondes, parce que j'ai peur, ai eu peur, d'être rejeté, après ces mots qui me sont venus d'un trait (de lumière ?, non, puisqu'ils ne sont que la re dite, d'une pensée là, présente, depuis déjà plus d'une dizaine d'années...). Afficher aussi brutalement sa pensée est scabreux. Et le risque est grand, de provoquer des réac tions, en chaîne, incontrôlées, devant la déstabilisation.
Pourtant, je n'hésiterai pas (il le FAUT).
(Peur, aussi, car vous perdre me serait dur...)
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J'hésite ai encore hésité, Florence je veux que vous le sachiez, aujourd'hui-même. Et pourtant je décide je crois, que le mieux est que je continue sur la voie voix première, sans relire aucunement le déjà écrit d'il y a maintenant déjà, deux jours.
J'ai écrit cela d'un jet, je me rappelle maintenant, mardi soir, alors que je conduisais Vincent à son module de composition musicale, juste avant, pendant, presque.
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Alors j'y vais, mélangeant allègrement le déjà passé, au présent le plus actuel (il est actuellement 15h10, et me prépare du mieux que je le peux, à cette lecture de ce soir, comme je le fais sur mon habitude, c'est-à-dire avec l'optique de m'enfermer totalement dans une pièce en préparant ma voix et mon corps, en le dé-liant le désa liénant, pendant toute l'heure qui précèdera la lecture-performance — qui doit toujours en être une —, dans une préparation acquise de l'ordre de la transe)
Non Florence, je ne le pense pas, je ne pense vraiment pas que l'écrit du cri soit inatteignable.
Le cri est une utopie, Oui,
mais pourtant, et aussi
:
NON.
On crie avec le visage (le visuel, donc), la voix, et aussi l'écrit. Quand Francis Giauque met l'hôpital psychiatrique en poème : c'est VRAIMENT du cri. Comme quand un visage... même si on ne l'entend pas, crier : cela se VOIT. Comme quand un texte se met à, crier : cela S'ENTEND !
J'aime cette idée de Contre. Contre l'écriture : cela est VRAI. Contre la forme, contre TOUT ce qui est en place depuis des Lustres. (J'aimerais Crier, là, avec mes mots - mais aussi mes majus
cules, mes ita
liques et tous mes -, vous le Crier.)
Dada : NON (je me suis déjà exprimé à ce sujet dans Écrire le cri, même si cela fut très, trop ?, brièvement — Tiens, il y a tant de, gens, qui ne l'ont pas Vu-lu, comme ce, qui me relançait déjà, et en long et en large, sur...). Le mouvement Dada est trop formaliste. Et comme me le disait fort justement hier soir le peintre érotique Jean-Marc André, Dada n'a été là, n'avait que pour seul but, de faire "chier" le monde... Perturber, dérouter. Mais non vraiment "dénoncer". Il y a une différence, et elle est ÉNORME !, entre la subversion, être subversif (ce qu'était Dada), la perversion, et vraiment "rentrer dedans", casser, démolir, TOUT. Donner un "uppercut".
— il faudrait aussi que vous lisiez mon entretien « le Cri et le sens » avec Sabine Cauvez de la revue Singe (décembre 2004), que j'ai reproduit dans mon ouvrage la V , qui je pense, a réussi à montrer la différence entre le cri, ce qu'est vraiment le cri, et Marguerite Duras (ah là encore, ... Christian - Déquesnes -, ce grand Crieur, me l'a aussi-tôt dit... — Et pourtant —, ce qui se marque définitivement, à la fin de l'entretien, par la confrontation des deux lectures à haute voix de Joyce Mansour, la sienne, et juste après, pour finir, la mienne !, même si, totalement non préparée, elle est fort empreinte d'académisme... — ce que je vais tâcher d'éviter lors de mes deux lectures de janvier à Beauvais, l'enjeu est difficile, et me tord d'appréhension).
Regardez mes poèmes à dire et à crier : Qui, a déjà osé écrire quelque chose de la sorte ?
C'est Brut : simplement l'Idée (ce qui me fait avancer la notion d'une littérature du sens)
La poésie, telle que la pense éditeurs, poètes et revuistes en place, n'est-elle pas complètement emprunte (et prisonnière), du style ?
Bien-sûr que l'écriture est là, mais en second, en dessous, en outil, et jamais première, jamais en première attention et objet.
Dans l'exposition Dada : juste Otto Dix (le tableau du capitaine tenant le gros sein de la, grosse femme, l'œil empli, et exorbité de, folie inquiétante), mais que faisait-il là ?, lui que l'on classe habituellement dans l'expressionnisme... Par affiliation-illustration de la critique sociale (une salle réservée à) de Grosz ?
Non, je ne suis pas d'accord avec cette idée "d'horizon inatteignable", du cri, de l'écriture du cri. C'est une vision romantique de l'écriture. Que je retrouve chez tant de poètes, revuistes, éditeurs, et qu'ont-ils apporté, à la poésie de la deuxième moitié du XXè siècle ?
Le Cri : le Dit (et uniquement).
Alain Marc, 3 janvier 2006
ps_ j'ai aimé, même si je l'ai déjà dit depuis, mais le redit, énormément aimé, ce poème de Charles Dobzynski (le rythme, quel rythme !)
(Je sais que l'on peut me taxer de prétentieux, ce que je ne suis pas, lorsque j'avance des propos aussi appuyés... À moi de les relever, et d'offrir des écrits, dignes, et à la hauteur, d'eux...)